Parlons style, parlons rythme, parlons adverbes ! Oh mon Dieu ! Non ! On se croirait retourné en cours de français à décortiquer des phrases dans tous les sens. Eh oui, on a tous entendu parler de ces petites bêtes et qu’on aime ou non la grammaire et les théories, écrire, c’est une chose, savoir ce qu’on fait, c’est tout de même mieux. Mieux vous connaitrez les mots que vous utilisez, mieux vous pourrez les manier : et les adverbes, sont partout ! Nous allons donc prendre deux minutes pour parler un peu d’eux et de ce que vous pouvez en faire.
Madame, c’est quoi un adverbe ?
Et si on commençait déjà par la base ? Ça peut paraitre évident à certains, mais ça ne parle pas à tout le monde.
Un adverbe est une catégorie de mot que l’on ajoute à d’autres mots (verbes ou adjectifs par exemple) pour modifier ou préciser leur sens.
Ex : Le Scribouillard écrivait frénétiquement, il avait encore tant à partager.
Dans cet exemple, on remarque d’ailleurs qu’il existe plusieurs types d’adverbes, mais là n’est pas la question. Pas de panique, petit scribouillard, un article sera très prochainement consacré à ces bestioles dans notre catégorie « aide au français ».
Pourquoi les utilise-t-on ?
Tout simplement parce qu’ils sont nécessaires pour donner du sens à vos phrases et les articuler. Essayez donc d’écrire un texte sans adverbes, voilà un sacré défi ! Mais notez bien que d’une manière générale, je ne vous encourage pas à vous passer d’eux : ils apportent précision et logique à vos textes, notamment les adverbes de temps (depuis, désormais, soudain…), mais aussi les adverbes de liaison (puis, donc, alors…).
Gardez à l’esprit que, pour être cohérent, votre texte doit s’articuler dans son ensemble. Très maniables, ils se placent aussi bien en début de phrases ou de proposition qu’à l’intérieur même de celles-ci. Grâce aux adverbes, vous pourrez instaurer des liens de causalité, des comparaisons, mais aussi ajouter tout un tas de précisions sur la manière ou l’intention de vos personnages. Ce n’est tout de même pas rien.
Ex : Par ailleurs, son imagination tournait à plein régime et rien n’aurait pu l’empêcher de rêver.
Bref, vous l’aurez compris, c’est lui qui vient enrichir votre texte et lui donner plus de substance. C’est un outil indispensable qui ne doit en aucun cas vous intimider, mais encore faut-il les utiliser à bon escient.
Comment les utiliser ?
Rien de bien compliqué en réalité, mais attention à bien choisir les bons adverbes. Comme tous les mots de votre texte, ils vont participer à déterminer le ton et le style de celui-ci : vous savez, ces fameux niveaux de langue, soutenu, courant, familier. Il vous faudra donc faire le tri dans la longue liste des adverbes existants pour ne pas vous perdre. C’est peut-être bête à dire, mais si vous écrivez dans un style plutôt courant, voire oral, un mot soutenu mal placé dénotera et risquera de casser l’équilibre de votre phrase. Certains sont néanmoins assez neutres et peuvent être utilisés en toute circonstance.
En outre, les adverbes sont très faciles à vivre et tolèrent généralement d’être placés de manière différente selon les besoins. Suivant l’effet voulu, ils peuvent se placer avant ou après les mots qu’ils viennent compléter.
Ex : Le Scribouillard écrivait frénétiquement, incapable de s’arrêter.
– Frénétiquement, le Scribouillard écrivait, incapable de s’arrêter.
Dans ce deuxième exemple, l’adverbe utilisé en début de phrase est davantage mis en avant.
Ok, on balance des adverbes partout !
Non !
Oui, l’adverbe est votre ami, oui, il présente un gros atout pour tous les scribouillards, mais non, il ne faut pas en abuser.
Gardez en tête qu’il apporte des informations complémentaires à votre texte et que trop en mettre d’en coup peut nuire à sa fluidité et sa clarté. Eh oui, vous ne devez pas tout balancer, puis laisser le lecteur faire le tri dans ce qu’il a compris. Choisissez-les donc soigneusement pour les placer où il faut suivant les besoins.
Utilisez le bon adverbe pour ne pas perdre le sens : demandez-vous bien quel effet vous recherchez ; opposition, cause, conséquence… Un donc et un cependant n’auront pas la même signification par exemple.
La liste des adverbes est particulièrement longue et fournie, alors surtout, n’hésitez pas à varier les plaisirs : utiliser toujours les mêmes mots donnerait un effet de répétition désagréable et de lourdeur qui ne mettrait pas votre texte en valeur. Avec quelques petits remaniements, croyez-moi, on trouve toujours la bonne alternative : remplacement ou suppression de l’adverbe, réécriture de la phrase…
Ex : Il y avait donc quelque chose derrière cette porte. J’entrai donc sans plus attendre, surprise de trouver tant de livres rassembler au même endroit. Quels trésors renfermait donc cette bibliothèque secrète ?
-> Ainsi, il y avait bien quelque chose derrière cette porte. Sans plus attendre, j’entrai dans la mystérieuse pièce, surprise de trouver tant de livres rassembler au même endroit. Quels trésors renfermait donc cette bibliothèque secrète ?
Le pièges des adverbes dérivés
Les adverbes dérivés, vous savez, ces fameux adverbes en -ment comme on les appelle, ceux qui se composent à partir d’un adjectif et d’un suffixe sur lequel on ne sait jamais s’il faut mettre un seul ou deux « m ». Blague à part, ceux-ci sont sans doute les plus traitres de tous les adverbes.
Grâce à eux, vous pouvez ajouter toutes les précisions nécessaires aux actions et descriptions que vous pourrez écrire.
Ex : Confortablement installé à son bureau, le Scribouillard écrivait frénétiquement, son imagination soudain passionnément enflammée.
En voilà des précisions ! Malheureusement pour notre besoin d’en dire le plus possible, ce genre de phrase souffre de trop de lourdeur. Les adverbes dérivés ont le défaut de créer des mots plutôt longs qui jouent forcément sur le rythme de vos phrases, les employer de manière trop rapprocher peut donc vous desservir.
Pour pallier ce problème, plusieurs solutions : la première reste toujours de vous interroger sur la pertinence de chaque mot. Est-ce que toutes ces informations sont vraiment nécessaire ? N’y a-t-il pas de redondance entre les adverbes et les mots qu’ils complètent ? Si vous pouvez vous passer de certains mots, rien de plus facile, retirez-les.
-> Installé à son bureau, le Scribouillard écrivait frénétiquement, emporté par son imagination enflammée.
Mais si tous ces détails étaient importants ? Oui, parfois tout le contenu d’une phrase a vraiment son importance, ou du moins le pense-t-on, et on ne parvient pas à faire le tri. Vous pouvez bien sûr remplacer les mots qui posent problème, mais attention, à transformer tous vos adverbes en de pompeuses périphrases, vous n’allègerez rien du tout. Vous pouvez également tester différents découpages ; une seule phrase n’est peut-être pas suffisante.
-> Confortablement installé à son bureau, le Scribouillard écrivait sans plus pouvoir s’arrêter. Son imagination s’était soudain enflammée, éveillant en lui son insatiable passion.
Personnellement, je ne les aime pas trop, ces adverbes dérivés. Je trouve qu’ils ont tendance à rendre les rythmes trop linéaires et à créer une musicalité inappropriée avec la répétition du son « ment ». Utilisez-les, certes, mais avec modération.
En bref, vous l’aurez compris, les adverbes ne doivent pas vous faire peur. Ils ne sont pas là pour vous piéger, bien au contraire, ce sont, je le répète, de gros atouts ! Attention toutefois, si on n’y prend pas garde, ils pourraient bien perdre tous leurs avantages et engendrer au contraire maladresses et lourdeurs.
Allez, c’est parti, vos textes n’attendent plus qu’eux !